Valérie peux-tu me présenter ton métier et le détail de ton parcours professionnel dans les grandes lignes ?
Je me présente Valérie LAURENT, j’ai 45 ans. Mon parcours pourrait sembler atypique mais, ce serait presque une utopie d’en parler ainsi. C’est pourquoi, je souhaite en faire un récit de vie, et pas seulement un parcours professionnel car c’est bien plus que cela.
Je suis issue d’une famille dite populaire, dans laquelle l’apprentissage des métiers de l’artisanat est presque une normalité. Une famille dans laquelle rapidement il faut trouver sa voie
professionnelle, une scolarité dans laquelle il faut aussi très vite prendre une décision. Très jeune, je vais aider ma tante au salon de coiffure pendant les vacances, les week-ends. La coiffure devient assez vite une passion. Mon parcours professionnel débute donc à l’âge de 15 ans en tant que coiffeuse. Je fais donc un apprentissage et exerce ce métier pendant 22 ans.
En 2015, j’ai dû vendre mon salon de coiffure, puis j’ai travaillé pour un centre d’appel où j’étais conseillère clientèle pendant 1 an, puis 2 ans dans un service clientèle, et aussi dans un service consommateur. Ensuite, ayant mon agrément d’assistante maternelle, j’ai gardé deux enfants pendant 1 an et demi.
Le COVID est arrivé, en parallèle de ce travail, pendant mes jours de repos, j’ai effectué un bilan de compétences pour savoir ce que j’avais envie de faire et regrouper toutes mes compétences, notamment mes compétences transversales. Ce bilan de compétences a mis en lumière les métiers du social, de la formation, de l’enseignement… C’était cohérent au regard de mes envies et de mon parcours.
Pour y accéder, il me faut alors me former. Un jour de février 2020, par hasard ou par évidence, j’accompagne ma fille à l’université de Rennes 2 dans le cadre d’une porte ouverte. Ce jour-là, j’ai échangé aussi sur mes envies de me former et j’ai trouvé la licence qui correspondait aux métiers que je voulais faire. Je suis au chômage pour la première fois de mon parcours professionnel. Je mets alors en œuvre ma reprise d’études. Après des recherches de financements, des enquêtes professionnelles, des entretiens avec l’université de Rennes 2, la recherche de mon futur lieu de stage pour valider mon projet professionnel, je suis admise en licence professionnelle.
En juin 2021, j’obtiens ma licence professionnelle FCIS (Formateur conseil indépendant et salarié), licence en Sciences humaines et sociales. Je fais mon alternance dans une maison familiale et rurale. Une année riche de sens, riche en apprentissages, en rencontres aussi. Une année durant laquelle je m’émerveille, je m’étonne devant tous ces nouveaux apprentissages.
Je trouve ensuite rapidement un travail, j’étais alors formatrice auprès d’un public adulte pour les aider dans leur insertion ou leur réinsertion professionnelle. Au bout d’un an, je m’intéresse à la formation et à l’orientation des jeunes, alors je travaille pendant 1 an et demi auprès de la faculté des métiers où j’accompagnais des jeunes en difficultés et en décrochage scolaire. Depuis janvier 2024, je suis actuellement conseillère emploi-formation au sein d’un point d’accueil emploi.
En quoi consiste votre premier métier ? Et quelles étaient vos principales missions ?
Mon premier métier dans la coiffure était donc, principalement de m’occuper de la chevelure des personnes : de leur couper les cheveux, de faire des couleurs, des mises en forme (par des permanentes) ou réaliser des coiffures spécifiques.
En tant que cheffe d’entreprise, mes missions ne sont pas uniquement de couper des cheveux et de prendre soin de mes clients. Je m’occupais également de la prise de rendez-vous, de l’accueil, de la gestion d’une entreprise (administratif, développement, prise de rendez-vous, présence importante au niveau du salon de coiffure). Je faisais donc mon métier avec le côté pratique et je gérais en parallèle mon entreprise. J’ai aussi eu l’occasion de prendre des apprentis et de leur apprendre mon métier et de participer à des concours…
Être cheffe d’entreprise c’est aussi s’intégrer dans une mission de commerçants dans un environnement, pour moi, dans le village dans lequel j’étais à l’époque.
Pourquoi avoir décidé de changer de métier ? Et quelles sont vos missions dans ce nouveau métier ?
J’ai décidé de changer de métier dû à des problèmes de santé qui m’ont obligé à penser les choses différemment pour l’avenir. Je ne pouvais plus exercer le métier que je faisais, c’est donc quelque chose qui s’est imposé à moi. J’ai alors vendu mon salon de coiffure et dû mettre en place un cheminement pour changer de métier, notamment en faisant un bilan de compétences pour aller chercher toutes ces compétences transférables (compétences autant personnelles que professionnelles).
Dans ce nouveau métier, en tant que conseillère emploi-formation, nous proposons plus de prestations de services. Nous allons notamment proposer d’accompagner des usagers en réflexion sur une éventuelle reconversion. L’idée est de pouvoir concentrer en un seul endroit les offres d’emploi (nous travaillons notamment avec beaucoup de partenaires comme France Travail, des agences d’intérim…). Nous pouvons également accompagner des actifs en réflexion sur leur projet de reconversion. Nous faisons le lien également entre les entreprises du territoire et des usagers, notamment en identifiant les besoins d’une entreprise en recrutement.
Quel parcours avez-vous eu (en termes d’études) ?
J’ai commencé à l’âge de 15 ans en faisant un CAP coiffure en 3 ans. J’ai ensuite eu un brevet professionnel en 1 an qui m’a été indispensable en coiffure pour que je puisse me mettre à mon compte. Je suis restée salariée dans un premier temps avant de construire mon propre salon.
Plus tard, dans mon projet de reconversion, après avoir effectué un bilan de compétences, je suis passée en L3 directement grâce à une validation des acquis professionnels et personnels au sein de l’université de Rennes 2. C’était donc une licence professionnelle qui se passait en alternance.
Comment avez-vous choisi/découvert votre métier actuel ? Et pourquoi avoir choisi ce métier ?
Le bilan de compétences m’a permis d’amorcer la réflexion sur ce que je voulais faire, il m’a permis de synthétiser ma pensée et de ne conserver que quelques idées.
Je faisais déjà du bénévolat en accompagnant des jeunes en mentorat d’urgence (mis en place avec les difficultés rencontrées pendant le COVID). Je savais que je souhaitais me diriger plus vers les métiers du social, de la formation, de l’enseignement. J’avais envie de trouver une formation qui me guiderait vers ces métiers-là. J’avais aussi envie de découvrir ce qu’était l’université, c’était une réelle volonté de ma part de découvrir cet univers et j’ai trouvé ça très intéressant et agréable d’avoir connu deux parcours totalement différents.
Quels sont les points positifs, les avantages que vous trouvez à votre métier de coiffeuse ? Ce que vous aimiez dans ce métier ?
Ce que j’appréciais principalement au-delà de la technique, de la pratique, c’était la relation humaine, le contact avec le client, tout ce processus (du premier contact, accueil, échange qu’on peut avoir avant de commencer la pratique) : entrer en relation avec un être humain. Pour moi, c’est bien plus qu’un métier, c’est avant tout une relation à l’autre, de la confiance, de la passion.
Quelles sont les difficultés que vous pouvez rencontrer dans ce même métier ?
Les horaires peuvent être compliqués car assez importants. Ce métier demande aussi une grande résistance physique étant la majeure partie du temps debout (toujours debout et toujours à piétiner, ne pas faire d’allergie avec l’utilisation de nombreux produits allergènes) et être capable de faire pas mal d’horaires en tant que cheffe d’entreprise.
Pouvez-vous nous parler de votre processus de reconversion ? (démarches mises en place, aides sur lesquelles s’appuyer, le temps que cela a pris, quelle(s) formation(s) suivie(s) …)
Ce processus de reconversion, j’ai commencé à le penser seule, puis j’ai rapidement pris contact avec Pôle emploi pour savoir comment est-ce que je pouvais mettre en place un bilan de compétences. Je me suis renseignée et j’ai eu des possibilités de financement par le CPF (Compte Professionnel de Formation). J’ai vraiment eu cette réflexion seule et le cheminement s’est fait après ce bilan de compétences qui m’a permis de me donner un fil conducteur, notamment lors de mes enquêtes professionnelles (savoir dans quel sens aller et fourniture de ressources : documents…).
D’où l’importance de trouver une personne de confiance dans un bilan de compétences à qui vous pouvez vraiment vous livrer, car on parle autant du côté professionnel que personnel (la discussion est d’une vingtaine d’heures).
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à quelqu’un qui hésite à se reconvertir ?
Tout d’abord, il y a tout un processus de réflexion que doit mener la personne. Souvent, on se dit qu’on veut aller vite et je dirai que le premier conseil est de s’armer de patience et de ne pas sauter les étapes. Tout ce processus de réflexion est très important et il prend du temps.
Il est important d’aller se renseigner sur un métier qui nous intéresse, aller vers des professionnels, discuter… Bien sûr, anticiper cet échange en prenant RDV. En général, les professionnels aiment parler de leur métier. Ne pas se décourager et garder confiance en soi, rester focus sur soi et sur ses rêves.
Ce processus n’est pas simple, il est vraiment différent de chacun. Par exemple, quand on a une vie de famille, c’est bien d’en discuter, l’important est de bien valider les choses avec ceux qui nous entourent, et quand c’est un projet familial, de s’organiser avec son entourage, de poser les choses, de valider les choses avec ses proches, sachant que ce processus va prendre du temps. Une reconversion n’entraîne pas forcément que sa propre personne, mais aussi toute une vie de famille, d’où l’importance d’en parler. Il est essentiel de bien se préparer aussi au niveau organisationnel pour ne pas mettre en échec sa reconversion professionnelle.
Pourquoi avez-vous choisi d’être « Professionnel Inspirant » pour ExplorJob ?
Pour partager cette expérience, je pense qu’il est important de pouvoir s’identifier, se rassurer et se lancer dans un nouveau parcours. Ces échanges peuvent permettre de valider la faisabilité d’un projet, même si on a tous des parcours différents.
Vous voulez en savoir plus sur son métier ? Rencontrez Valérie sur ExplorJob en cliquant sur le lien ci-dessous.