Patricia M a un métier méconnu : Manager dans l’Industrie Pharmaceutique R&D Affaires Règlementaires.
Elle nous parle de son métier qui mêle à la fois sciences et langues !
Je suis manager en Regulatory Affairs Chemistry Manufacturing and Controls (RA CMC), un intitulé assez complexe et peu transparent pour ceux qui ne travaillent pas dans l’industrie pharmaceutique, qui signifie que je m’occupe, pour la partie chimie, développement, fabrication et contrôles des médicaments, de l’obtention des Autorisations de Mises sur le Marché (AMM), pour des médicaments vétérinaires.
Pour simplifier, nous sommes les avocats des médicaments auprès des autorités de santé pour obtenir l’autorisation de commercialiser ces médicaments. Nous devons conseiller nos collègues sur les études à mener pour qu’elles soient conformes à la règlementation partout dans le monde, et savoir expliquer simplement et très clairement des études scientifiques très complexes.
Quel parcours avez-vous eu ?
J’ai un parcours atypique. Ce poste est en général occupé par des pharmaciens. J’ai tout d’abord obtenu un BTS en Biochimie-Chimie, puis un diplôme National d’Œnologue (DNO). Enfin, grâce à la Validation des Acquis des Expériences (VAE), j’ai obtenu un Master 2 «Ingénierie des Produits de Santé spécialité Affaires Technico-Règlementaires».
Qu’est ce qui vous a amené à ce métier ?
C’est au gré de mes expériences que j’ai découvert ce métier qui m’était totalement inconnu (l’industrie pharmaceutique regorge d’une multitude de métiers).
À la suite d’un stage en laboratoire œnologique lors de mon BTS, j’ai décidé de me spécialiser dans cette branche, et après l’obtention de mon diplôme (Bac+4 à l’époque, bac+5 maintenant), je cherchais un poste en Recherche et Développement (R&D). Bien que les possibilités de sujets à investiguer soient très importantes, celles de postes à l’inverse étaient extrêmement réduites.
Comme les équipements utilisés, la façon de raisonner étaient les mêmes, j’ai finalement postulé dans l’industrie pharmaceutique. Après 6 ans en développement analytique, j’ai basculé en Affaires Règlementaires CMC où je travaille depuis plus de 20 ans.
Quels sont les avantages de ce métier ?
Ce que j’aime dans ce métier est qu’il y a peu de routine : les portefeuilles de produits, les projets, la règlementation, les organisations, …etc…, changent régulièrement. Nous avons un lien d’interface très fort qui nous permet d’être en contact avec de nombreux collaborateurs (locaux en affaires règlementaires, chimistes, formulateurs, producteurs, assurance qualité, packaging, marketing,…etc…) à travers le monde, être utile à chacun d’eux.
Par ailleurs, il y a une forte dominante stratégique : face à chaque projet ou problème à résoudre, il ne faut pas appliquer une recette toute faite, mais déterminer quelle est la meilleure option pour l’entreprise (même si ce n’est pas toujours la plus simple pour nous).
Il n’est pas vraiment possible de bien exercer ce métier en sortant des études, il est nécessaire d’avoir au préalable une expérience dans l’industrie pharmaceutique. Dans notre équipe, les parcours sont variés, et cette richesse d’expériences est un vrai atout, on se complète, et on apprend les uns des autres.
Quels en sont ses difficultés ?
Étant donné qu’il s’agit d’un management transversal, il faut arriver à faire travailler les autres sans pouvoir hiérarchique. Si les objectifs entre les différents départements ne sont pas alignés, cela peut s’avérer compliquer.
La communication est clé car la majorité de nos contacts ne se font que par téléphone ou e-mails, et comme tout se fait en anglais, même avec un bon niveau, il est parfois difficile de bien utiliser toutes les nuances nécessaires quand ce n’est pas sa langue maternelle.
Pourquoi avez-vous choisi d’être « Professionnelle Inspirante » sur ExplorJob ?
Lorsque j’étais au lycée et que je devais choisir mes études supérieures, j’étais un peu déroutée : les sciences et les langues m’intéressaient, mais je n’avais pas d’idées précises de métier, et donc de parcours d’étude…
En partageant nos expériences, je me dis que cela peut rassurer certains jeunes qui n’ont pas d’idée fixe/forte sur leur avenir et que cela peut angoisser. L’important, c’est de choisir quelque chose qui plaise, et d’apprendre au maximum de chaque expérience (aucune n’est jamais inutile). Ensuite, au gré des expériences, savoir saisir les opportunités.
On a la chance aussi en France d’avoir accès à des formations, et à des passerelles telles que les VAE, alors même si l’on n’a pas pris le départ « idéal », cela ne veut pas dire que l’on ne réussira pas à faire le métier ciblé/rêvé, même si plusieurs étapes seront nécessaires.
Il faut aussi parfois savoir faire des compromis : quand j’ai signé mon CDI, bien que cela soit sur la base des connaissances et expériences que j’avais acquises lors de mon dernier parcours diplômant bac +4, seul mon bac +2 a été reconnu. Mais au fil des ans, j’ai réussi à grimper les échelons en interne et devenir cadre malgré tout.
Certains réussissent mieux et plus vite, mais ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est que tous les matins quand on se lève pour aller travailler, il faut que ce soit avec envie et non résignation (c’est pour près d’un demi-siècle…), alors il faut choisir avant tout quelque chose qui plaise, dans lequel on peut s’épanouir.
Il faut aussi garder en tête que l’on n’est pas voué à faire le même métier toute sa vie. Personnellement, j’en ai déjà occupé 3 très différents, et je me dis que j’en ai peut-être d’autres à découvrir encore… Donc, même si ces jeunes choisissent un premier parcours, rien ne les empêchera plus tard de bifurquer vers autre chose, capitalisant ou pas, sur ce qu’ils auront appris précédemment (il y a toujours des compétences qui peuvent être utiles dans d’autres secteurs), au grès de leurs envies, leur rythme de vie, la période dans laquelle ils se trouvent.
Bref, j’espère que sur la base de nos témoignages, ces jeunes auront plus d’idées, plus de confiance en eux pour se lancer dans leur avenir professionnel.