Quel est votre métier ? pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours personnel et professionnel ?
Ayant effectué différents métiers dans la formation et l’éducation : formatrice E2C, ingénieure pédagogique et professeure en lycée, j’ai eu des soucis de santé très important lors de mon parcours, notamment lors de mes études, et je voulais leur présenter que les différentes épreuves quelles qu’elles soient ne nous interdisaient en aucun cas de faire ce que l’on souhaitait et qu’il ne fallait pas se cantonner aux métiers dont on leur parle mais aussi
de se poser la réelle question : si j’avais tous les choix possible, qu’est-ce que j’aurais aimé faire. J’en ai profité pour leur présenter le dispositif E2C (école de la deuxième chance) pour lequel j’ai travaillé car c’est une bonne solution de réinsertion puisqu’il s’agit pendant 8 mois d’associer remise à niveau dans plusieurs matières et construction du projet professionnel.
Qu'est-ce qui vous a motivé à vous investir dans cette action en faveur des jeunes détenus ?
Ma motivation vient, je pense, du fait que j’ai commencé ma carrière à l’école de la deuxième chance et que ce type de public me manquait. Je me suis dis que si mon expérience et mes encouragements pouvaient juste redonner le sourire aux jeunes alors je serais satisfaite.
Comment appréhendiez-vous cette intervention auprès des jeunes incarcérés et est-ce que votre ressenti a évolué après coup ? Comment le voyez-vous à présent ?
Je n’appréhendais qu’une chose : découvrir l’environnement dans lequel ils évoluaient et mon appréhension s’est révélée véridique : des cellules petites, sombres, desquelles aucune personne ne peut sortir psychologiquement sans séquelles. Par contre concernant les jeunes, je n’avais aucune appréhension car je savais que s’ils venaient c’est qu’ils en avaient envie.
Comment décririez-vous l'impact de votre intervention sur les jeunes incarcérés en termes de motivation et d'espoir pour l'avenir ?
Je ne peux pas parler à leur place mais le fait de les avoir vu sourire, être attentif et participatif, me laissent penser que peut être l’étincelle s’est produite pour quelques uns d’entre eux.
Quelle a été la réaction des jeunes par rapport à votre présentation ?
Comme dit précédemment, ils étaient souriants et participatifs. Il y a même deux jeunes qui étaient tellement dans l’atelier qu’il a duré plus longtemps que prévu. D’ailleurs une réaction d’un des jeunes m’a beaucoup touchée. Il nous a confié à la fin de l’atelier : « vous voyez madame, là vous me voyez je discute, je souris, je suis bien mais quand je retourne en cellule, je suis plus le même, je parle plus et je retourne dans ma bulle… ».
Pouvez-vous partager une expérience marquante ou une réussite particulière que vous avez vécue lors de l’intervention ?
Mon expérience marquante c’est lorsque j’ai suggéré à un jeune qui s’exprimait très bien pourquoi est ce qu’il souhaitait être soudeur. On voyait pourtant son besoin de contact avec l’humain et je lui ai ainsi proposé de s’orienter vers la réception en hôtellerie vu qu’ils manquent de main d’œuvre. Et il m’a dit : « ah oui c’est vrai, je n’y avais pas pensé ». Alors je me dis que peut être il verra qu’il a plein de perspectives d’avenir où sa peine ne rentrera pas en compte et que oui, il peut se reconstruire et se réinsérer pleinement.
Ensuite il y a une autre expérience qui m’a marquée : c’est l’ensemble des jeunes rencontrés. Ils étaient à la fois contents d’être là et en même temps pour certains c’était très compliqué de se projeter. On sentait pour certains un espoir limité quant à leurs perspectives d’avenir et après discussion avec leur éducateur, le fait qu’ils se soient confiés à nous et qu’ils aient discuté, est quelque chose de très rare. Alors si nous avons pu juste permettre à ces jeunes de pouvoir s’exprimer sur leurs inquiétudes et qui sait, de leur redonner une petite étincelle d’espoir, c’est une petite victoire.
Quels types de conseils/valeurs vous a-t-il semblé important de transmettre aux jeunes ?
Sans hésitation, l’espoir. On avait tous cette envie de leur montrer que les accidents de parcours arrivent dans tous les domaines, mais que lorsqu’on a décidé de se relever, il y avait l’espoir d’une réinsertion et de bonheur à la clé. La persévérance est donc le conseil qui découlait de l’espoir.
Que retirez-vous de cette mission ? Qu’a-t-elle pu vous apporter en tant que personne ? Qu’est ce que vous pourriez dire à une personne hésitant à rejoindre la mission ?
Cette mission m’a permise de me rendre compte à quel point les écrans ne permettent pas de réaliser dans quelles conditions les jeunes évoluent en incarcération. Cela m’a permis de voir que ces jeunes n’ont pas l’éducation auquel ils ont le droit (3h de cours par semaine maximum) et que ces jeunes ont tellement besoin de contact extérieur que cela m’a conforté dans l’idée de m’investir davantage. C’est pourquoi j’ai pris contact avec l’association ANVP afin de devenir « visiteur en prison ».
On hésite parce qu’on ne connait pas, et ce qu’on ne connait pas fait peur. Mais le sourire de ces jeunes à la fin de l’atelier montre à quel point il n’y a pas à avoir peur au contraire, allez-y joyeusement, gaiement et la reconnaissance que vous recevrez de leur part vous fera le même effet qu’à moi sur le chemin du retour : un sourire et un bon souvenir.
Quels messages ou valeurs souhaitez-vous transmettre à ces jeunes incarcérés ?
J’aimerais qu’ils se souviennent qu’ils ont tous du potentiel, et de garder espoir et qu’ils soient convaincus d’avoir un avenir meilleur.
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